Une peur inattendue

J’ai longtemps hésité à écrire l’article d’aujourd’hui. Je ne savais pas comment aborder ce sujet. J’avais peur de mal exprimer cette peur qui ne m’a pas quitté depuis la naissance de Lissou, ma deuxième fille.

Une peur que je n’avais pas prévue et qui m’a complètement déstabilisée.

Je m’explique. Quand la petite est née je me suis mise à craindre ma grande fille, ma Bébou. A me méfier de chacune de ses réactions. Prête à bondir au moindre mouvement suspect. J’imagine que c’est mon instinct de maman louve qui avait pris le dessus, me faisant imaginer les pires scénarios.

Bébou est pourtant généralement très tendre avec sa petite sœur… Mais la tendresse d’un enfant de trois ans…. c’est parfois maladroit.

Et puis, parfois, l’arrivée d’un bébé peut générer des pulsions difficiles à gérer chez un enfant. Je suis bien placée pour le savoir, l’arrivée de ma petite soeur ayant fait naître chez moi une série de sentiments contradictoires allant de l’amour à la haine la plus profonde. C’était il y a 28 ans et je m’en souvient encore, c’est dire…

Peut-être ai-je fait un transfert. Peut-être me suis-je montée la tête pour rien.

Mais c’est si fragile un nouveau né!

Un rien pourrait avoir des conséquences irréparables. Une couverture posée “pour qu’elle ait bien chaud maman” et qui remonte sur le visage. Un gâteau partagé en toute générosité. Un jouet qui tombe. Un bisous maladroit. Un geste d’humeur irréfléchi. etc.

Il aurait suffit d’un instant pour que tout bascule. Pour que la vie de mes filles, mes deux amours, mes batailles, soit irrémédiablement gâchée, détruite.

On ne se remet pas de ce genre de chose.

C’est quelque chose que je n’avais absolument pas envisager à la naissance du deuxième. Et j’ai trouvé très difficile de vivre avec cette peur viscérale que ma grande blesse sa sœur. J’ai beaucoup culpabilisé de ressentir cette méfiance envers ma Bébou. S’ajoutait à tout ça l’appréhension qu’elle sente que j’avais peur d’elle, et qu’elle se mette, elle aussi, à craindre ses propres réactions.

Aujourd’hui (et c’est peut être pour ça que j’arrive à écrire sur le sujet) je n’ai plus peur. Lissou est désormais une petite fille de 3 mois solide (oui ma fille est une grosse-dondon-à-bisous que je dois déjà habiller en 6-9 mois). Bébou, quant à elle, a accepté la présence (définitive) de sa soeur et a intégré les règles qui vont avec (d’autant plus que je les ai rabâchées sans relâche, eu égare à la peur susnommée).

Et toi? Tu as déjà ressenti ce genre de peur irrépressible?

18 thoughts on “Une peur inattendue

  1. Un petit peu mais pas au point que tu décris… Mais cela ne me semble pas malsain d’autant que tu en étais consciente et que cela s’est apaisé… Ton histoire a du jouer.

    L’essentiel est que vous ayez trouvé votre équilibre à vous !

    Virginie

  2. Oh ma poulette ! Ça a dû être très angoissant…. le principal c’est d’apprendre à l’aîné les gestes à éviter, et Je suis sûre que bebou les a bien compris… si je faisais de la psy de comptoir je dirais que effectivement tu as repensé à ta propre histoire quand ta sœur est arrivée… j’avoue que je n’ai pas eu cette crainte quand le 2 eme est arrivé, en même temps j’étais tout le temps avec les 2 … j’espère que tu es apaisé avec ça maintenant.. bisous !

  3. Un petit peu, mais pas au point que tu le décris … déjà, parce que, finalement, ce n’est pas si fragile un nouveau né, et peut-être parce que FeuFolet était plus petit donc “moins fort” …
    Par contre, j’ai du mal à me défaire de la colère quand je le vois qui fait mal à son frère “volontairement”, surtout quand il le pousse …

  4. j’avoue avoir toujours fait attention, mais jamais eu vraiment peur. Ma grande a tout de suite accepté sa soeur, sans réserves, j’ai été soulagée du coup, mais comme tu dis on ne peut jamais savoir ce qui peut arriver, il est donc important de rester prudent.

    1. Le pire c’est que Bébou adore sa soeur!! Elle veut tout le temps lui faire des bisous et des câlins, jouer avec etc… Sauf qu’elle ne réalise pas toujours que c’est un tout petit être fragile…

  5. Je n’avais jamais pensé à ça dans l’aventure du deuxième mais finalement ce que tu décris ne me parait pas si fou. C’est même très compréhensible. Je ne sais pas si je vivrai la même chose mais je suis en tous cas contente de lire que cette période de peur et d’angoisse soit terminée pour toi 🙂

    1. Oui, cela va mieux (enfin je vais mieux, car c’est moi qui flippait, peut-être pour rien d’ailleurs…). Bébou a bien compris que sa soeur était un bébé et donc fragile et qu’on ne pouvait pas tout faire avec.

  6. Oui moi aussi cela m’est arrivé d’avoir peur. Non pas de ma fille mais de la maladresse du a son jeune âge à la naissance du petit dernier (2 ans et demi). Un jouet lancé, elle qui trébuche… tout peut arriver très vite. Après dès l’arrivée à la maison j’ai fais un “briefing” pour expliquer clairement ce qui pourrait arriver. Les 2 grands ont très bien compris. Et quand ma fille a pris plusieurs fois son frère dans les bras elle a très vite compris la fragilité du dernier.
    Cela étant c’est vrai que çà reste toujours un peu stressant… Je comprend ton point de vue.

    1. Oui, ma Bébou est très prévenante et câline avec sa soeur, mais parfois elle ne se rendait pas compte de sa force ou de sa possible maladresse.

  7. Je ressens aussi des craintes similaires. Mon grand aura 2 ans en octobre et bébé bientôt 3 mois. Je n’ose par exemple pas mettre mon deuxième sur un tapis au sol lors de la présence de son grand frère car il a des gestes brusques et même en étant présente, j’ai toujours peur. Parfois, cela part d’une bonne intention, bébé pleure, mon fils accoure vers lui et essaie de le prendre dans ses bras. Ou bien il veut partager ses jouets avec lui… J’essaie de lui transmettre les bons gestes, de répéter les règles mais deux petits en bas âge cela demande beaucoup de surveillance. Ce n’est pas évident de ne pas leur faire ressentir notre stress et en même temps c’est important aussi qu’ils puissent construire le lien qui les lient et de ne pas leur empêcher d’échanger.

  8. J’ai ressenti la même chose à chaque nouvelle naissance. C’est comme un instinct primitif qui fait que tu as envie de protéger le plus petit des plus grands. D’ailleurs les aînés nous apparaissent soudainement gigantesques

  9. Je crois qu’on ressent tous cette méfiance à l’égard de l’aîné, et que c’est même plus que normal : c’est important. Parce que s’il arrive quelque chose, ce sera notre faute. Parce que c’est à nous de faire attention, en vrai. Pour pas qu’il arrive quelque chose à cette petite chose fragile, mais aussi pour ne pas faire porter une telle responsabilité à nos grands.
    La sage-femme qui nous a fait la préparation à la naissance nous avait bien briefé là-dessus : ne jamais laisser les deux seuls ensemble. Justement pour ça. Elle racontait qu’un jour sa grande avait essayé de donner un bonbon à son petit frère. Heureusement ils sont intervenus à temps mais je crois que cette histoire m’a marquée.
    Bref. Pas de culpabilité : c’est plutôt sain comme réaction !

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