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Quand doit-on annoncer sa grossesse?

On dit souvent que l’on peut annoncer sa grossesse à partir du 3ème mois. A partir du moment où la plupart des risques de fausse-couches sont écartés.

Il est clair qu’ici je n’ai pas respecté cette règle. J’ai annoncé ma grossesse le jour même où j’ai reçu les résultats de ma prise de sang. Soit à 15 jours de grossesse. Disons que c’est ce qui arrive quand tu racontes tes problèmes de procréation à la terre entière. Tu ne peux pas décemment revenir après 3 mois entier de suspense pour annoncer le résultat de ton transfert…

Et pourtant, j’ai senti quelques inquiétudes (pour ne pas dire des réticences) dans mon entourage. Est-il possible que j’ai annoncé ma victoire sur l’endométriose trop tôt?

 

Dans quelques heures maintenant, je vais aller faire ma première échographie. C’est elle qui déterminera si, oui ou non, je suis VRAIMENT enceinte. En matière de FIV, PMA et autre TEC (comprenne qui pourra) deux prises de sang positives ne suffisent pas. C’est un petit point noir clignotant sur une écho qui permet d’officialiser la réussite.

Cela fait 1 mois seulement que l’on m’a transféré mon petit flocon (Chéri-chéri voudrait qu’on l’appelle “freezer”^^) : mon embryon cryoconservé de 2 jours fabriqué il y a 3 ans.

Je me sens enceinte.

J’en ai tous les symptômes et j’ai même un petit ventre qui commence à poindre (mais peut être est-ce dû aux traitements que je prends encore). Toujours est-il que j’ai envie de croire qu’il y a la vie qui grandit en moi…

Oui mais… Et si ce n’était pas le cas. Si demain le petit coeur ne battait pas? Si tout devait s’arrêter…

Et bien si tout devait s’arrêter là, je sais que je pourrai compter sur votre soutient, celui de mes proches et de tous ceux qui savent. Je n’aurai pas besoin de cacher ma peine. Je ne me sentirai pas incomprise dans ma douleur. Car il est difficile de demander aux autres de compatir à la perte d’une chose dont ils ignorent l’existence.

Si demain il n’y a pas de petit point qui clignote je serai triste, bien sûr, mais je ne serai pas seule.

 

Petit édit :

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Cher petit embryon,

Du haut de tes 48h et tes 4 petites cellules tu as déjà vécu un sacré périple depuis ta conception il y trois ans, dans une petite boîte de pétri au centre PMA de Lille, jusqu’à ton implantation, ici, au creux de moi il y a deux semaines.

Tout à commencé en mai 2013…. Mmmh, non. Tout a commencé en juin 2007 lorsque j’ai rencontré ton père. J’ai très vite su qu’il serait le père de mes enfants. Vois-tu, c’est une véritable tête de mule, mais il est ma moitié, celui qui me complète, qui m’équilibre…. Même si parfois j’ai bien envie de l’étrangler….

Alors voilà, bon an mal an, on a apprivoisé, nourrit et construit notre amour et, un jour, nous avons eu envie de le concrétiser avec un enfant. C’est moi qui en ait eu envie en premier. Chéri-chéri, lui, était un peu frileux, nous trouvait trop jeunes.

Je lui ai dit : “Avec moi il va falloir s’y prendre tôt. J’ai un problème, je le sais.”

“Comment tu le sais? Tu as fait des examens?”

“Non. Je le sais. C’est tout. Je l’ai toujours su.”

“Mais c’est n’importe quoi ça!! C’est dans ta tête…”

Sauf que, vois-tu petit embryon, ce n’était pas que dans ma tête. Par hasard, lors d’une échographie de routine on m’a découvert un drôle de kyste. On a fait des examens poussés et le verdict est tombé : Endomètriose de stade 4 avec infertilité sévère.

Curieusement cette annonce m’a autant soulagée qu’elle m’a rendue triste. Il y avait bien un problème et maintenant qu’on avait mis le doigt dessus. Il n’y avait plus qu’à le contourner. Bon… Là j’avoue que j’édulcore un peu mais je vais pas te raconter mes errances doctissimiennes (tu es un peu trop jeune pour ça).

Après un petit nettoyage de printemps intra-utérin, nous nous sommes donc lancés, avec ton père, dans une chouette procédure de PMA (procréation médicalement assistée) en 2013. Que du bonheur! Piqûre, échographie, prise de sang, piqûre échographie, ponction… Une vrai sinécure!

Et là! la pêche miraculeuse! une bonne vingtaine d’ovules pour moi. Un bon milliard de spermatozoïdes pour lui. On les a laissé tranquillement faire leurs affaires dans des p’tits pots… Et paf! Ca a fait des chocapics des embryons. Huit même!

Pour le coup on a quand même bien déchiré avec ton père, non?

On nous a implanté un embryon parmi les huit. Nous l’avons appelé “Pépin”. Il s’est accroché. Il a poussé. Pépin est finalement devenu “Pépinette”, puis “Bébou” (en tous cas sur ce blog, en vrai elle a un prénom bien plus joli).

Je ne saurais pas te dire pourquoi c’est cet embryon qui a été choisi. Ce n’était même pas le plus beau. C’était peut être le destin. J’en sais rien. En tous cas ce n’était pas toi.

Toi tu as été congelé avec tes 6 autres compagnons.

Et puis nous avons déménagé. Ta soeur est née. Une vraie petite merveille de la nature, de la science, de la vie quoi.

Et toi tu es resté à Lille. Puis nous nous sommes décidés à aller te chercher. Ca a été une sacrée expédition!

On s’est dit que le plus dur était derrière nous. Mais rien n’est jamais aussi simple dans la vie… Il a fallut réopérer, recommencer les traitements, se heurter aux difficultés… Ne pas se laisser abattre et recommencer.

Et puis, le 13 septembre dernier. Un gars du labo t’as choisi. Pourquoi toi plutôt qu’un autre. Je ne sais pas. Le destin peut être. Il t’a installé confortablement au creux de mon ventre. Et le soir, à l’abris des regards, je t’ai parlé. De nous, de notre famille, de ta soeur et de ton père. Je t’ai dit : “allez viens! On sera bien tous les quatre. Accroche-toi! Tu verras on est un peu fous mais on est sympa!”

Et tu t’es accroché.

Rien que de l’écrire je me sens toute émue. Il y a la vie en moi. Alors, bien sûr, l’aventure est loin d’être terminée. Il faudra d’abord vérifier si ton petit coeur bat bien. Puis il faudra attendre la fin des trois mois fatidiques.

Mais tu es là. Et c’est déjà ça.

22203