Mon accouchement #2
Reprenons où nous nous étions arrêté : le 18 février au matin.
C’était donc un mardi, si je me souviens bien. Chéri-chéri et moi nous présentions à l’entrée de la maternité à 8h tapantes.
“Bonjour madame, c’est pour quoi?”
La grognasse devait être aveugle, vu la taille de mon ventre il était évident que je ne venais pas pour une séance d’abdo-fessiers.
“C’est pour accoucher”
Devant son air perplexe, sûrement dû au fait que je n’avais pas l’air de me tordre de douleur sous l’effet des contractions, j’ai précisé :
“Je suis à 5 jours de dépassement de terme, j’ai rendez-vous pour un déclenchement”
“Ahhh… Je vais me renseigner”
Sur ce, elle tourne les talons et nous plante là, debout dans le couloir comme deux couillons.
Près d’une demi heure plus tard, alors que je commençais à penser sérieusement à uriner dans ma culotte pour faire croire à une rupture de la poche des eaux, une autre sage-femme a débarqué.
“Ouiii, c’est pour quoi?”
Punaise, elles le font exprès où quoi?
“C’est pour accoucher, bordel! J’en peux plus! Faites sortir cette gosse de moi!”. Bien sûr ce n’est pas ce que j’ai dit et j’ai réexpliqué, bien poliment, que j’étais là pour un déclenchement, vu que ma fille ne semblait pas pressée de pointer le bout de son nez.
Elle semblait être vaguement au courant de quelque-chose, s’est excusée de l’attente. “Un accouchement difficile, vous comprenez“, et nous a emmené, à travers un dédale de couloirs, jusqu’à une petite chambre peinte en rose saumon écœurant.
épisode 2 : l’installation
Sous les instructions de la sage-femme, je me suis mise en tenue (je suis quelqu’un de docile) : Une magnifique tunique boutonnée dans le dos. Enfin… boutonnée jusqu’à mi-dos, car la proéminence de mon ventre empêchait la fermeture complète de la blouse et laissait entrevoir une partie non-négligeable de mon postérieur.
On m’a aidé à m’installer sur une sorte de table d’auscultation, ce qui n’était pas chose aisée étant donné que j’étais aussi souple et mobile qu’un caillou, que dis-je une pierre, un cape, un roc.
Bref. Pendant qu’on me titillait le col histoire de vérifier qu’il était toujours bien ouvert à 3 cm (ça se referme ces trucs là?), on envoya Chéri-chéri poser les valises dans la chambre, la vraie. J’ai prié intérieurement pour que celle-ci ne soit pas peinte en rose-dégueuli-de-truite, tandis que ma sage-femme, aidée d’une auxiliaire, me branchait de partout (monito, perfusion, tension : la totale! Une vrai Robocop).
Une fois que je fus bien harnachée, la sage-femme s’inquiéta du sort de Chéri-chéri qui n’était toujours pas revenu, et envoya l’auxiliaire à sa recherche. Le pauvre débarqua quelques minutes plus tard. Il s’était perdu deux fois et était entré par mégarde dans la chambre d’à côté, surprenant ainsi une future mère en pleine souffrance (probablement le cul à l’air elle aussi…).
C’est ce moment que choisi la sage-femme pour m’annoncer d’une voix experte que je n’avais pas de contractions. Sans rire! J’avais pas remarqué…
épisode 3 : celle qui n’avait pas de contractions
J’avoue qu’à ce moment là j’ai vraiment cru qu’on allait renvoyer l’homme se re-re-re-perdre dans les couloirs afin de récupérer la valise pour nous renvoyer chez-nous… heureusement, il n’en fut rien.
“Il va falloir augmenter la dose, et vous percer la poche des eaux, d’accord?”
“Allez-y faites de moi ce que vous voulez, je suis prête!”
Elle m’a regardé d’un air goguenard (genre “ouai, ouai c’est ça, attend un peu pour voir…”), a fait appeler une petite stagiaire et m’a demandé si j’étais d’accord pour que celle-ci se fasse la main sur moi.
“Arf… Allez-y faites de moi ce que vous voulez, je suis prête”
Bon… La petite stagiaire, elle, n’était pas prête du tout, et, malgré nos encouragements combinés, n’a pas réussi à faire un trou dans cette maudite poche des eaux. De guerre lasse, la sage femme a repris le flambeau et, d’un coup sec, a fait péter le tout comme une bonne vieille bombe à eau.
Je me suis dit que j’avais bien fait de ne pas me pisser dessus dans l’entrée, personne n’y aurait jamais cru vu le flot de liquide chaud qui s’est alors écoulé de mon entre-jambe (amis de la poésie, bonjour!).
Il était alors près de 10h00 et j’ai commencé à avoir, enfin, des contractions!
Alleluïa!
(je ne suis pas croyante mais là, pour un peu, j’aurais remercié le ciel!)
Et puis franchement, si c’est ça des contractions… Ah ah ah! laissez-moi rire… Mes douleurs de règles sont bien pires (#endométriosepower)! Me voyant fanfaronner de la sorte, la sage-femme m’a demandé si je souhaitais toujours la péridurale.
“Bien sûr que oui!” Je n’ai jamais compris ce délire de vouloir ressentir toutes les sensations de l’accouchement. Moi, quand j’ai mal à la tête je ne dis pas “noon, je prends pas de Doliprane, je veux vivre ce moment à foond…”.
D’ailleurs, soit dit entre nous, j’ai bien fait parce que le temps que l’anesthésiste arrive, j’ai eu le temps de bien-bien vivre les sensations de l’accouchement. C’est ça d’accoucher pendant les vacances au ski des parisiens. Y a toujours un petit con qui se casse la clavicule en faisant le kéké et qui s’accapare l’anesthésiste alors que toi tu souffres le martyr. Anesthésie de confort, mes fesses!
Bref. Il était 11h quand la sage-femme, après avoir déplacé 10 fois le monito pour cause de bébé peu coopérant, nous annonce qu’il est temps de passer en salle de travail. Je suis alors dilatée à 5 cm et je ne me doute pas un seul instant que tout ne sera pas aussi simple que je l’imaginais.
Voilà c’est fini pour aujourd’hui, rendez-vous la semaine prochaine pour un dernier épisode riche en drogue, en suspense et en larmes.
Nan mais franchement, regardez-moi cet amour… Ca valait le coup de souffrir, non?!
Ha tu nous tiens en haleine coquine !!! J’adore les ptits cons de parisiens qui viennent skier pendant que t’accouches !!! Lol
Et encore! J’avais la phobie d’accoucher un samedi, coincée dans les bouchons entre deux versaillais en combi-et-moon-boots!
Encore du suspens ! Tu m’as fait bien rire !
Les parisiens qui osent s’accaparer l’anesthésiste : quelle honte ! 😀
Maintenant on a hâte de connaitre le dénouement !
Bravo pour l’humour ! J’adore ! Ta petite puce était vraiment trop belle! (C’est pas toujours le cas 😉
Hannn mais où est la suite?!!! Les anesthésistes ils aiment se faire désirer (et ensuite tu les déteste quand ils te foutent l aiguille dans le dos! Ça fait mal bazar de bazar !).
Entre nous, pour mon deuz, j ai fais partie de la section «maman voulant tout ressentir de A à Z». Mais même si j avais changé d avis au dernier moment, ça n aurait pas été possible.
Pour un déclenchement c est encore une autre histoire.
Encore félicitations 🙂
La suite arrivé mardi matin, promis !